Député LFI- NFP

7eme circonscription du Rhône

Question écrite n°50 : Les Sciences Économiques et Sociales doivent ouvrir au débat !

M. Abdelkader Lahmar alerte M. le ministre de l’éducation nationale sur la réforme de la formation des professeurs de Sciences Économiques et Sociales (SES).

Depuis le début de l’année scolaire, le Ministère de l’Éducation Nationale s’efforce à mettre en œuvre la réforme du CAPES et de la formation des enseignant·es contre l’avis d’une large partie de la communauté éducative et sans y associer les parties prenantes, comme l’Association des professeurs de SES (APSES), qui représente 40% des enseignant·es de SES.

Le 15 octobre dernier, lors d’une réunion de travail avec les organisations syndicales, la DGESCO a présenté le « projet de référentiel de formation du professorat » du master enseignement et éducation (M2E) en SES. Avec les associations et sociétés savantes du supérieur, l’APSES a co-signé une tribune dans Le Monde pour dénoncer un projet ministériel qui tourne le dos à la science et à la démocratie. En effet, le référentiel est très clair sur les visées de la formation des enseignants dans la discipline : « l’enseignement [des SES] repose essentiellement sur l’étude des fondamentaux […] ; son objet n’est pas la présentation de débats, qu’ils soient de société ou théoriques, ni la participation des élèves à ce type de débats qui sont souvent réducteurs et facteurs de relativisme. ». Alors que les enseignant·es de SES doivent expliciter aux élèves ce qu’est une démarche scientifique, les futur·es enseignant·es de SES seront formé·es à ne surtout pas aborder la pluralité des approches théoriques qui traversent les sciences sociales, pourtant décisive pour comprendre le progrès des sciences. Ils et elles seront aussi socialisé·es au fait de ne plus analyser avec les élèves des débats contemporains susceptibles d’être éclairés par des connaissances scientifiques en lien avec leurs disciplines. Ce rétrécissement des contenus à transmettre représente une remise en cause terrifiante de la capacité de l’école à former des citoyens éclairés, autonomes, capables de prendre part au débat public et dotés d’un esprit critique.

Par ailleurs, l’APSES a déjà exprimé ses inquiétudes sur cette réforme d’autant plus légitimes pour un enseignement pluridisciplinaire comme les SES. En effet, les étudiant·es désirant préparer le CAPES de SES proviennent de licences en sciences sociales très diverses (Économie, Gestion, Science Politique, Sociologie, AES, droit…). Compte tenu de cette particularité, le Ministère a alors proposé un système d’épreuves « majeure » et « mineure » au CAPES en fonction de leur cursus universitaire avec la promesse d’un « rattrapage disciplinaire » au cours du master. Or, force est de constater que la maquette de formation et les moyens accordés aux universités ne permettront pas la consolidation des connaissances, notamment celles de la « mineure » au cours du Master (M2E). Or, la première session aura lieu en mars 2026 et peu d’universités ont pu financer des modules de préparation au cours de la L3, laissant alors les étudiant·es livré·es à eux-mêmes.

Enfin, aucune information n’a été communiquée sur le sort réservé aux non-lauréat·es du CAPES en fin de L3 : pourront-ils tout de même s’inscrire en M1 M2E ou alors risquent-ils une rupture dans leur parcours universitaire ?

Ainsi, l’organisation comme le contenu de la future formation des enseignant·es de SES suscitent de profondes inquiétudes. Le ministère va-t-il prendre en compte cette réalité et enfin écouter les acteurs de terrains que sont les enseignants de Sciences Économiques et Sociales ?