M. Abdelkader Lahmar alerte Mme la ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative sur la situation désastreuse du secteur associatif dans notre pays.
Les acteurs du monde associatif sont unanimes : ils traversent une crise sans précédent. Entre baisse des financements, précarité croissante, hausse des besoins et dégradation des conditions d’exercice, etc. Ils subissent de plein fouet les politiques austéritaires menées ces dernières années. Depuis le début de l’année 2025, plus de 500 structures ont été placées en liquidation judiciaire. Ce chiffre a plus que doublé depuis 2022 et fait suite à une année 2024 record avec 856 fermetures prononcées par la justice.
C’est dans ces conditions critiques que, le 11 octobre dernier, l’ensemble de la sphère associative s’est mobilisé autour d’un simple mot d’ordre « Ça ne tient plus ! ». Plus de 350 rassemblements ont eu lieu à travers toute la France lors de cette journée historique. C’est en effet la première fois depuis la promulgation de la loi de 1901 que l’entièreté des composantes du secteur (médico-social, solidarité, sport, culture, éducation populaire, jeunesse, environnement, etc.) se mobilise simultanément autour d’une même revendication.
Le gouvernement aurait tort de ne pas entendre ce cri d’alarme. Les associations représentent 20 millions de bénévoles et 1,2 millions de salariés. Partout sur le territoire, elles changent concrètement la vie des gens, participent à renforcer les liens sociaux et sont un des remèdes à la crise démocratique que traverse le pays. Dans les quartiers, dans les villes et les villages, c’est souvent le tissu associatif qui permet à la société de tenir face au désengagement criminel de l’État et à la disparition des services publics de proximité. Le secteur de l’éducation populaire, par exemple, représente 470 000 emplois et 1 % du PIB. Il fournit prêt d’1,2 milliard d’heures de travail protégé pour les familles. Si demain ces structures disparaissent, ce sont donc des millions de foyers qui seraient affectés.
Le Projet de Loi de Finance pour 2026 ne semble pas du tout prendre la mesure de la réalité du terrain. Pire, il est porteur de nombreuses régressions : disparition des Colos Apprenantes, restriction du Pass’sport aux seuls 14-17 ans, suppression du financement de 40 000 missions de services civiques, et tant d’autres attaques en règles contre le tissu associatif. Il est donc urgent de revoir la copie gouvernementale en partant des besoins exprimés par les acteurs de terrain. Les associations ne demandent pas la lune, juste des financements suffisants et prévisibles. Ainsi, il est nécessaire d’abandonner la logique d’appel à projet et d’en revenir à des subventions stables, lisibles et planifiées en fonction des besoins.
Le ministère est-il prêt à abandonner les dogmes et l’austérité absurdes qui ont fait tant de mal aux associations et à travailler, avec les premiers concernées et les parlementaires sincères au sauvetage du secteur ?