M. Abdelkader Lahmar alerte Mme la ministre auprès du ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée du logement sur l’impasse que représente la continuation des projets de démolition-reconstruction en matière de rénovation urbaine.
En vingt ans, le nombre de mal-logés a presque triplé avec son cortège de taudis insalubres et de bidonvilles, tandis que les seuls logements dignes auxquels les millions de ménages urbains modestes peuvent prétendre désormais, les logements très sociaux, continuent de se raréfier sous les coups de butoir des politiques actuelles. Les habitats de fortunes ressurgissent, le mal logement s’aggrave.
Il y a urgence pour faire cesser les démolitions des constructions HLM ayant permis l’éradication du mal logement en leur temps, et établir un moratoire sur l’ensemble des démolitions programmées ou en cours, pour réparer et revaloriser les quartiers d’habitat populaire en ménageant et améliorant les constructions existantes plutôt qu’en les détruisant. Tous les HLM dont la démolition est en cours ou programmée partagent les mêmes caractéristiques : ils sont bien situés (en zone tendue), bon-marché (- de 5€/m2/mois en moyenne), et ils sont amortis depuis longtemps. Parfois vétustes car mal-entretenus, leur bâti reste solide et leurs qualités architecturales une référence. D’ailleurs, d’après les sources disponibles, aucun d’entre eux n’est soumis à un arrêté de péril justifiant la démolition. Continuer dans la voie des démolitions systématiques est donc un non-sens social, économique et écologique.
Le 4 mars 2025, lors des rencontres nationales « Quartiers de demain », organisées à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, le Président de la République déclarait « [qu’il faut] d’abord, valoriser l’existant et arrêter la démolition systématique ». C’est exactement ce que réclament les habitants, les professionnels et les associations, auprès de l’ANRU, des bailleurs et des élus locaux, qui ont conditionné et qui conditionnent encore les programmes de rénovation à l’obligation de démolir sans études ni réflexions préalables sur l’intérêt de valoriser en premier lieu le « déjà là ».
Il est grand temps que le gouvernement entende ces revendications et y apporte des réponses. Va-t-il enfin décréter un moratoire immédiat pour arrêter tous les projets de démolitions, y compris ceux en cours et relancer la réflexion sur des bases nouvelles en adéquation avec les déclarations présidentielles ?