Député LFI- NFP

7eme circonscription du Rhône

Pourquoi supprimer ou réformer l’Aide Médicale d’État est une idée dangereuse et inefficace ?

Le ministre de l’Intérieur ministre Bruno Retailleau a récemment relancé le débat autour de l’Aide Médicale d’État (AME), suggérant sa suppression ou une réforme drastique. Cependant, ces propositions se heurtent à une réalité bien différente. Voici pourquoi une telle démarche serait non seulement inefficace mais aussi porteuse de risques majeurs.

1. L’AME ne provoque pas un « appel d’air » migratoire

Contrairement aux affirmations du gouvernement, l’AME n’encourage pas une migration massive vers la France. Les données de l’Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé (Irdes) confirment que sa suppression n’aurait qu’un impact minime sur les flux migratoires.

Les migrations sont avant tout motivées par des facteurs tels que les conflits, les crises économiques ou climatiques. Réduire l’accès à l’AME ne changerait en rien ces réalités structurelles.

2. Un dispositif peu utilisé par les personnes éligibles

Loin d’être un « effet d’aubaine », l’AME reste un dispositif sous-utilisé. Environ 51 % seulement des personnes éligibles y ont recours, selon l’Irdes. Plusieurs facteurs expliquent cette situation :

  • La méconnaissance du dispositif par les bénéficiaires potentiels.
  • Des démarches administratives complexes et décourageantes.

Ces obstacles contredisent l’idée d’un système « saturé » par les demandeurs.

3. Restreindre l’AME augmenterait les risques sanitaires

Réduire l’accès aux soins ne touche pas uniquement les bénéficiaires de l’AME : cela fragilise l’ensemble de la population. L’exemple de l’Espagne est parlant. En 2012, une réforme restreignant l’accès aux soins des migrants a entraîné une hausse des maladies infectieuses et une surcharge des hôpitaux, notamment en raison de soins tardifs. Face à ces conséquences désastreuses, Madrid a annulé cette mesure en 2018.

Prévenir reste moins coûteux que guérir. La suppression de l’AME engendrerait une hausse des prises en charge d’urgence, beaucoup plus coûteuses.

4. Un coût marginal dans un budget colossal

Le Premier ministre insiste sur le coût de l’AME, mais les chiffres révèlent une autre réalité. En 2023, elle a représenté 1,1 milliard d’euros, soit moins de 0,5 % des dépenses totales de santé en France (247 milliards d’euros). Par ailleurs, soigner les personnes en urgence, faute de soins préventifs, coûterait bien plus cher à long terme.

5. Un enjeu de santé publique et de protection des enfants

Un quart des bénéficiaires de l’AME sont des enfants. Supprimer ou restreindre leur accès aux soins mettrait leur santé en péril, allant à l’encontre des principes fondamentaux de protection de l’enfance.

Conclusion : Protéger l’AME pour garantir la santé de tous

Les arguments du Premier ministre en faveur de la suppression ou d’une réforme de l’AME ne résistent pas à l’analyse. Ce dispositif, loin d’être un luxe, est essentiel pour garantir la santé publique et prévenir des crises sanitaires.

Plutôt que de l’affaiblir, il serait plus judicieux de :

  • Simplifier les démarches administratives.
  • Mieux informer les populations concernées.

L’AME n’est pas un fardeau, mais une garantie d’équité et d’efficacité pour notre système de santé.