Après Gaza, l’armée israélienne a désormais franchi un nouveau seuil en envahissant le Liban, un État souverain et allié historique de la France. Cette situation, que certains tentent de minimiser sous l’euphémisme « d’opérations limitées », doit être reconnue pour ce qu’elle est : une invasion caractérisée, avec des conséquences humaines, politiques et diplomatiques majeures.
Une violation du droit international
L’incursion israélienne constitue une violation flagrante du droit international, au même titre que l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Lors de l’invasion de l’Ukraine, le gouvernement français s’était félicité de sa fermeté face à la Russie, imposant des sanctions économiques et mobilisant la communauté internationale. Mais lorsqu’il s’agit d’Israël, dont les actions violent tout autant le droit international, la réaction est tout autre : des condamnations verbales sans mesures concrètes.
Les conséquences de cette invasion sont déjà tragiques. Le ministère de la Santé libanais fait état de près d’un millier de morts, principalement des civils, dont deux ressortissants français. Plus d’un million de personnes ont été contraintes de fuir les zones bombardées, marquant le plus grand déplacement de population de l’histoire du Liban.
Une catastrophe humanitaire et un enjeu de sécurité
La situation humanitaire au Liban s’aggrave rapidement. Des familles entières fuient les zones ciblées par les frappes, laissant derrière elles leurs biens et leur quotidien. Les infrastructures vitales sont détruites, et l’accès aux soins, à l’eau et à la nourriture devient de plus en plus difficile.
De surcroît, nos compatriotes résidant au Liban, ainsi que les soldats français présents dans la région, sont en danger. La France a une responsabilité historique et morale envers le Liban, et il est impératif de protéger ces populations, tout en évitant de prolonger un conflit déjà dévastateur.
La politique de deux poids deux mesures
L’incohérence de la diplomatie française dans cette crise est flagrante. Ce double standard entache la crédibilité de la France sur la scène internationale. Comment prétendre défendre les droits humains et l’intégrité des États tout en fermant les yeux sur des violations similaires dans une autre région du monde ?
Une réponse à la hauteur des enjeux
Face à cette invasion, la France doit adopter une position ferme et cohérente, en ligne avec ses principes et son rôle historique au Liban. Concrètement, cela signifie :
- Suspendre les ventes d’armes à Israël tant que ces dernières sont utilisées pour commettre des violations du droit international.
- Geler l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, qui offre des avantages économiques à un État en conflit avec ses voisins.
- Renforcer l’aide humanitaire à destination des populations civiles au Liban et en Palestine, qui subissent de plein fouet les conséquences de ces violences.
Une France non-alignée pour la paix
Les conflits actuels au Proche-Orient trouvent leurs racines dans une histoire complexe, marquée par l’ingérence coloniale et des décennies de tensions non résolues. Persister dans une approche alignée sur une « guerre mondiale contre le terrorisme » est une erreur stratégique et morale.
Plus que jamais, la France doit se repositionner en acteur de paix, non-aligné, et œuvrer à des solutions politiques plutôt que militaires. La lucidité face à ces enjeux est essentielle pour restaurer notre crédibilité internationale et protéger les valeurs qui nous définissent.
Le Liban, fort de son histoire commune avec la France, mérite notre soutien dans cette épreuve. Agir avec courage et dignité est non seulement un devoir moral, mais aussi une nécessité stratégique pour l’avenir de notre diplomatie.